rabbia

La colère qu’est-ce que c’est ?

La colère est une émotion et a une fonction: elle nous avertit que quelque chose ne va pas, que nos droits sont violés ou que nos besoins sont négligés et elle nous aide à changer la situation. En effet, nous sommes en colère lorsque nous sommes frustrés, maltraités ou obligés de faire quelque chose que nous ne voulons pas.

Comme toutes les émotions, la colère n’est ni positive ni négative, elle existe tout simplement. Nous avons souvent tendance à penser que c’est une émotion négative qui ne doit pas être exprimée, ou même une émotion dangereuse. Peut-être n’avons-nous pas été autorisés à l’exprimer étant enfant ou n’avons-nous pas appris à l’écouter et à l’exprimer correctement.

Mais la colère existe, il faut l’écouter et l’exprimer, ce qui est différent d’agir la colère! Nous permettons à notre fils d’être en colère contre nous, son petit frère ou quiconque, mais pas de blesser quelqu’un en le frappant, par exemple.

Pourquoi l’enfant a-t-il plus de difficulté à gérer sa colère par rapport aux adultes ?

Parce que le cerveau de l’enfant est encore en train de se développer et il se développera jusqu’à 25 ans!

Le tronc cérébral (partie inférieure du cerveau) responsable des émotions intenses telles que la peur et la colère est déjà bien développé tandis que la partie supérieure, le cortex préfrontal, impliqué dans les comportements cognitifs complexes, dans la prise des décisions et la modération de la conduite sociale est encore en construction. Cela explique pourquoi les enfants ont plus de mal à gérer leur colère et explosent beaucoup plus facilement que les adultes. En effet, l’une des fonctions du cortex préfrontal est de réguler ses états émotionnels et de contrôler ses impulsions. Lorsque l’enfant ressent de la colère, la colère l’envahit tellement qu’il ne peut plus la contrôler et c’est à nous, adultes, à l’aider pour faire en sorte qu’il apprenne peu à peu à exprimer sa colère de manière plus appropriée.

Que faire alors lorsque l’enfant se met en colère?

1) Respirer et RESTER CALME.

C’est difficile parceque la réaction qui nous vient instinctivement est la réaction opposée : nous énerver et crier. En effet, quand notre fils / notre fille se met en colère il/elle active en nous, parents, les parties inférieures du cerveau, nous nous sentons menacés, et instinctivement nous nous mettons à crier et à nous énerver en utilisant à notre tour les parties inférieures du cerveau.

Si nous crions sur l’enfant, celui-ci a peur, son corps se met en alerte et produit du cortisol, l’hormone du stress. Crier, menacer, punir, éloigner, ne fait que stimuler de plus en plus la partie inférieure du cerveau de l’enfant. Ce qui l’ empêche d’activer la partie supérieure, utile pour raisonner, apprendre de l’expérience et réfléchir.

Nous devons donc nous rappeler que les adultes, c’est nous et nous donc qui avons le cerveau développé. C’est donc à nous de rester calmes en activant notre cortex préfrontal. Se calmer, faire preuve de respect, écouter et communiquer avec son enfant lui permet à lui aussi de passer de la réactivité à la réceptivité. La tempête émotionnelle qui l’envahit peut alors s’apaiser et l’enfant peut commencer à réfléchir à ce qui se passe en lui.

Tant que l’enfant n’est pas calme, la partie inférieure de son cerveau est en pleine activité et il est donc inutile de lui demander de raisonner et de nous écouter.

2) NOMMER, CONTENIR et ACCUEILLIR sa colère

Aidons l’enfant à contenir son émotion, en restant auprès de lui et en restant calme. Le cerveau de l’enfant n’est pas encore complètement développé et ne peut pas contenir sa colère. Ne laissons pas l’enfant se blesser ou blesser l’autre et serrons-le dans nos bras. Une étreinte produit l’ocytocine, hormone du bonheur qui réduit le stress et aide à se calmer.

Donnons la permission à l’enfant d’exprimer sa colère, ce qui est différent d’agir la colère. L’enfant a le droit d’être en colère quelle qu’en soit la raison. Il ressent cette émotion en ce moment et celle-ci doit être accueillie. Mais il n’a bien évidemment pas le droit de faire du mal à l’autre ou à lui-même. On peut lui apprendre d’autres façons d’exprimer sa colère, comme dessiner sa colère, faire le lion,...

Nommer l’émotion: Il suffit souvent de donner un nom à l’émotion pour la faire diminuer (cela fonctionne aussi avec les adultes). Par exemple, "Mon ange, je vois que tu es très en colère, tu voulais vraiment des pâtes au pesto ce soir, mais maman t’a fait du poulet", dit avec tendresse et empathie pour ce qu’il ressent. Ainsi, l’enfant se sent compris et est plus susceptible de se calmer. Si vous n’êtes pas sûr de l’émotion qu’il ressent, ne vous inquiétez pas, essayez ou demandez-lui s’il est en colère, si nécessaire, il vous corrigera.

3) SE SYNTONISER

avec notre enfant c’est-à-dire faire preuve à son égard d’attention et de respect, en l’écoutant, en accordant de l’importance à son opinion, à son vécu et à son point de vue. Parfois, ce qui est très important pour notre fils semble futile pour nous et vice versa. Par exemple, un enfant peut ne pas comprendre pourquoi il est si important pour nous de garder la maison en ordre, de la même manière nous ne comprendrons pas pourquoi il fait un drame pour un sandwich que nous avons coupé en 2 au lieu de le laisser entier. Écoutons-le et essayons de comprendre son point de vue.

4) CHERCHER CE QUI L’A MIS EN COLERE

Quand on lui demande "pourquoi es-tu en colère", souvent le petit enfant ne pourra pas nous répondre, parce que lui-même ne le sait pas. Dans ces cas-là, essayons de deviner, faisons des hypothèses sur la cause de cette crise et testons-les:

Il évacue les tensions? Accueillons les pleurs, les cris et retenons ses mouvements qui pourraient blesser.

Est-ce une réaction à notre comportement, à celui de son frère, ou de sa soeur? "Tu es fâché que maman ne te laisse pas jouer avec l’aspirateur, c’est ça ?" ,"Ta sœur a déplacé les animaux et toi tu les avais mis dans une position précise pour le jeu, c’est ça?"

• Est-ce une façon d’attirer notre attention? Essayons de comprendre quel est son besoin. Si c’est possible de le satisfaire, satisfaisons-le et si ce n’est pas possible, reconnaissons-le/nommons-le (parfois cela suffit pour le faire se sentir mieux).

Par exemple:

Il a faim, sommeil, besoin de bouger? Nourrissons-le, faisons-le dormir, bouger. Ou si ce n’est pas possible: "Je vois que tu as très envie de sortir, malheureusement il pleut mais nous sortirons demain, viens à quoi préfères-tu jouer, aux animaux ou aux constructions ?".

Est-il à la recherche de stimuli? Proposons une activité, donnons-lui une tâche, orientons son comportement vers une activité/jeu plus approprié(e). Par exemple, "Mets ces déchets dans le sac poubelle s’il te plaît", ou au magasin, "peux-tu mettre ce que je te donne dans le chariot ?"

5) TROUVER DES ALTERNATIVES

Quand il s’est calmé, nous pouvons essayer de comprendre ce qui s’est passé et trouver ensemble des alternatives plus appropriées pour prévenir de futures situations similaires. Au lieu de le punir ou de le faire réfléchir seul dans son coin, nous pouvons lui faire vivre l’expérience d’un comportement adéquat pour créer de nouvelles connexions neuronales.

Par exemple: «Tu es en colère parce que ta sœur a cassé tout le puzzle que tu étais en train de faire, je comprends que c’est très frustrant pour toi, mais tu ne peux absolument pas la taper ! Comment faire pour que la prochaine fois que ça arrive, tu ne la frappes pas?»

Et avec votre enfant vous cherchez des alternatives en le laissant faire lui aussi ses propositions. Par exemple, tu pourrais appeler maman si tu te sens trop en colère et que tu sens que tu vas la frapper? Ou tu peux faire le puzzle dans ta chambre et fermer la porte pour que ta sœur ne vienne pas le détruire?

En conclusion, lorsque l’enfant explose, nous pouvons maintenir les limites et les règles fixées tout en faisant preuve d’empathie, en nous montrant à l’écoute et disponible car comme le disent Siegel et Bryson "C’est souvent quand l’enfant se comporte mal qu’il a le plus besoin de nous". Siegel et Bryson.

Bibliographie: Siegel, D., Bryson, T.P., La sfida della disciplina, Raffaello Cortina Editore, 2015.

2023 © All Rights Reserved | Designed and Developed by Catherine Jacquemart